L'ALSACE A L'ASSAUT DU REICH
Les Aigles de Biggin Hill

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le groupe Alsace fut reformé le 21 janvier 1943 en tant que squadron 341 (Fighting French ou Français combattants) de la Royal Air Force sur la base de Turnhouse (Ecosse).

La prise en mains des Spitfire MK IX, le meilleur chasseur britannique du moment, fut entamée début février non sans quelques pépins inévitables pour un escadron s'entraînant au combat. Le 12 mars, le groupe effectuait sa première croix de Lorraine en vol mais, malheureusement, le S/Lt de Mézillis trouvait la mort lors d'un vol d'entraînement. Déclaré opérationnel, le squadron 341 gonflé à bloc rejoignit Biggin Hill, centre du secteur le plus bouillant de la R.A.F., le 20 mai 1943. Avant de déclencher sa guerre, l'Alsace perdit Commaille, muté au squadron 340 Ile de France d'où provenait De Bordas qui le remplaça.

Biggin Hill était le repaire d'aigles de la R.A.F. d'où étaient lancés les sweeps (missions offensives de chasse) sur le nord-ouest de la France infesté de Focke Wulf 190 et autres Messerschmitt Bf 109. Les unités qui y étaient stationnées étaient commandées par l'as "Sailor" Malan (32 victoires) et le Wing (escadre) était sous les ordres d'Al Deere, autre as aux 20 victoires. Biggin Hill menait la marque parmi les bases de chasse en ce qui concernait les victoires aériennes. Cet environnement prestigieux ne traumatisa aucunement Mouchotte, vétéran déjà de la R.A.F., et ses poulains mais les stimula, les électrisa littéralement, car ils ne tardèrent pas à gagner l'estime et le respect des autres squadrons.

La première mission fut une escorte de bombardiers vers Abbeville le 3 avril, laquelle se déroula sans incident. L'Alsace mena son premier sweep le 4 avril, rien à signaler, sinon les reproches de Malan pour les atterrissages en pagaille et l'abondance de commentaires variés à la radio...Le sweep du 17 avril au-dessus de Pont-Audemer vit le combat acharné des Spitfire de l'Alsace contre des Fw 190 bien supérieurs en nombre ; Béraud et Raoul-Duval furent portés manquants mais ce dernier réintégra le squadron le 17 octobre 1943. L'Alsace débordait d'une activité fébrile et partait à l'offensive plusieurs fois par jour de swep en ramrod ou en cirque, tel une meute de loups afin de lever la chasse allemande. La première victoire du squadron, avidement voulue, fut acquise le 14 mai lorsque le Capitaine Christian Martell descendit un Fw 190 aux environs de Dixmude avec le panache d'un grand chasseur. Durant la même mission, Mailfert joua de malchance et fut touché aux ailes par un Bf 109. Il rompit le combat car ses magasins à munitions se mirent à exploser en vol ; avec le sang-froid et la maîtrise d'un grand pilote, il parvint cependant à poser son Spitfire mutilé sur la base avancée de Manston. L'excitation était à son comble le 14 mai 1943 à Biggin Hill car le score de la base s'établissait à 998 avions allemands abattus. Lequel, parmi la cinquantaine de pilotes de la station, serait celui qui inscrirait, dans les heures suivantes, le chiffre 1000 au tableau de chasse ? Le samedi 15 mai, le Wing escortait des bombardiers lancés sur l'aérodrome de Caen-Carpiquet. La chasse allemande était au rendez-vous et ce fut la mêlée entre les 26 Spitfire des squadrons 611 et 341 menés par René Mouchotte et les Fw 190 du I./JG 2 de Triqueville. L'attaque fut lancée par le squadron 611, plus favorablement placé, et Jack Charles, son squadron-leader, descendit bientôt un Fw 190. René Mouchotte, volant à 7.600 mètres anticipa si bien l'évolution du combat qu'il plongea à point nommé, tira un Fw 190 qui explosa, obligeant Mouchotte à effectuer un virage serré pour en éviter les débris. C'étaient les 999e et 1000e victoires de Biggin Hill. Avec une grande sportivité, Mouchotte et Charles ne tentèrent pas de savoir exactement qui s'adjugeait le fatidique 1000e et se partagèrent le prix de 700 livres sterling. Le soir même, l'Alsace offrait une party au Hyde Park Hotel à Londres pour son baptême officiel et l'événement du jour à Biggin Hill la rendit mémorable. La période fut faste car le groupe enregistra 5 victoires en 4 jours, sans pertes et sans incidents, même mineurs. Martell descendit un Fw 190 le 14 mai, Mouchotte un autre le 15 mai (le fameux 1000e) ainsi qu'un BF 109G le 17, ce même jour Bourdier et Bouguen taillaient chacun un Focke Wulf en pièces. L'Alsace était sur une lancée fulgurante et le S/Lt Laurent envoya encore un Fw 190 à la ferraille, aux environs de Deauville, le 30 mai après une mêlée qui l'avait séparé de ses coéquipiers.

Les rodéos se répétèrent mais la Luftwaffe échaudée était méfiante. Les nouveaux Spitfire IXB remplacèrent les IXA à partir du 12 juin. Lors d'un ramrod sur Abbeville le 26 juin, le Sergent Menuge profita vicieusement d'une panne de moteur pour modifier le profil élancé de son Spitfire... Les dieux de la guerre furent favorables à l'Alsace en ce 27 juillet 1943.

Le second ramrod du jour visait à nettoyer le ciel de Triqueville des Fw 190 aux sinistres croix noires et René Mouchotte se trouvait à la tête du wing au grand complet. La section jaune menée par Martell et composée de P. Clostermann (N°2), du S/Lt Farman (n°3) et du S/Lt Robidet (n°4) ouvrit les festivités en grimpant à la rescousse d'une autre escadrille engagée en combat tournoyant. Jaune 2 avertit, par radio, qu'il y avait 2 Fw 190 à 10 heures. Martell vira en chandelle, en mit un dans son collimateur et scella son sort sans rémission. Farman grimpa pour assurer la protection haute de ses équipiers. Clostermann se lança dans la bagarre en poussant des hurlements de peau-rouge. Deux Spits bondissaient au milieu d'une sarabande de 8 Fw 190. Un, deux, trois Allemands se transformèrent en torches sous les coups de Martell et Clostermann qui glana ses deux premières victoires. Un combat de grand style, digne d'un tournoi de chevaliers, se déroula ensuite entre Martell et le Fw 190 piloté par von Graff, l'as allemand aux 150 victoires. Martell ponctua ce duel sans merci lors d'une passe frontale, lorsque son tir fit exploser son adversaire. Mouchotte et Bruno, lors du même combat, accrochèrent un Focke Wulf et le tirèrent ; Bruno l'expédia au tapis après une courte rafale de 10 obus de 20 mm et 24 balles de 7.7 mm. Les gars de l'Alsace et du 611 terminaient la rencontre par le score de 9 à 0, ce qui leur valut les chaudes félicitations de Winston Churchill.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Page Suivante

Galerie
Retour aux sommaires : "Historique" ou "Général"